A la fin

à la fin

il y en a qui feront un dernier max de fric crypté
dans les datacenters en surchauffe climatique
pour rien

il y en a qui s’injecteront des trimestres d’espoir technologique
en bousillant leur nature résiliente
pour rien

il y en a qui seront certains de savoir tout sur rien
dans l’entonnoir d’un monde automatisé
pour rien

il y en a qui ne s’embrasseront plus de peur
de baisers mortels
pour rien

il y en a qui caresseront la fin des libertés
quand vivre devient un devoir écolier
pour rien

il y en a qui voyant un mur accélèreront des ondes
croyant sauver des vies
pour rien

il y en a qui émigreront à l’aise sur des îles dans le champ de satellites
pendant que des migrants fuyant des champs de ruine
se noient et meurent de leurs rêves
pour rien

il y en a qui alentours préconisent la suite
et se procrastinent en alcools
pour rien

 

à la fin

il y a les autres qui déménagent à la marge heureuse
construisant des totems refuges pour les bêtes toutes les bêtes
les minuscules preuves du vivant au milieu et à l’orée

il y a les autres qui se regardent respirer de l’air de rosée
et ébahis remercient la trace qui persiste au centre
de l’âme, pour rien

il y a les autres qui bâtissent des abris de fortune et de bois
oreille contre Terre et sont présents
pour rien

il y a les autres qui se partagent en alter éphéméride
regardant les chiens droit dans les yeux
pour rien

il y a tous les autres qui n’attendent plus rien depuis fort longtemps
formant les lendemains en aléas infimes qui collectionnent les graines
pour nous

il y a toutes les autres qui créent des lunettes à portée cosmique
modelant l’apparence de l’humanité qui se prenait pour Homme
pour nous

 

à la fin

il y a des particules qui nous composent et sont un bijou
par lequel la paix a une température exacte
pour nous

 

à la fin

il faut fermer ses yeux dans le jour qui finit
de la nuit qui déborde le cœur et nous met à genoux
pour nous

pleurer ce qui doit mourir
pleurer ce qui est inaltérablement merveilleux
pleurer ce qui doit survivre sans rémission

 

à la toute fin

rien de ce que nous avons désiré ne sera donné

il ne restera que l’essaim vital de notre essai à aimer
pour rien

 

 

 

 

 

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